LUNDI 24 NOVEMBRE 2008

Bernard Van Breusegem — 20:20

Avec un peu de retard.

Laissez-moi revenir un instant sur ce qui s’est passé ce vendredi au studio de la rue Gray.

Non, sur la chose elle-même: d’elle, je n’en dirai rien, sinon que ce fût un plaisir de travailler avec Calvin Mac Bride. Une spectatrice, avec qui j’échangeais quelque mots à l’issue de ce blind date n°7, me disait que, sur un des panneaux, il était écrit: «plan de l’exposition», mais que «plan de l’installation» eût été plus juste. Je le lui ai volontiers concédé. Mais je n’en étais pas intimement convaincu. Pourquoi? Pourquoi être à ce point sourcilleux d’une définition?

Pas envie qu’on s’installe peut-être? Ou alors parce qu’une installation, c’est la «mise en possession solennelle d’une charge ecclésiastique» (Petit Robert), c’est-à-dire une sorte d’intronisation? Non, la pensée ne m’en a pas effleuré une seconde.

Mais les étiquettes me dérangent de plus en plus, elle me dépriment, et je pense que nommer une chose est une manière de l’immobiliser, mentalement. Mais puisque le faire ne suffit pas et qu’il faut toujours, à un moment, «établir la traçabilité du produit» alors, je préfère que cette installation soit la «formalité d’entrée en exercice» qui est une deuxième définition- et il y en a d’autres- donnée par le petit bob. Voilà, c’est à chaque fois une entrée en exercice, mais sans formalité, laissons cela de côté. A chaque fois, nous nous remettons nous-mêmes sur le métier du blind date et nous essayons de n’avoir aucune idée préconçue du résultat, que ce soit en terme de style, de technique ou de quoi que ce soit. Et comme on ne fait pas de la compétition, on ne n’essaye pas de trouver la catégorie dans laquelle on va se placer, ni du genre de sport qu’on va pratiquer. Et, l’entrée s’étant faite (voir la définition plus haut), pour ce qui est de la sortie, on – je - préfère ne rien savoir.

Rendons donc à César (le sculpteur) ce qui appartient à César (le personnage de Pagnol, pour brouiller les pistes): nous n’installons rien, et surtout pas nous, j’espère.

DIMANCHE 23 NOVEMBRE 2008

Miguel Decleire — 13:09

Avec les semaines, le grand regret qui commence à poindre est de ne jamais vraiment voir les spectacles qu’on fait. Le vendredi est tellement le jour du rush, nous sommes chacun tellement pris dans notre tunnel de dernière minute, qu’on se retrouve chacun sans avoir eu le temps de se rendre réellement compte ce que les autres ont fait. Comme on n’a jamais le temps de répéter, on n’a pas de vision d’ensemble de ce que nous proposons. On termine, les gens entrent, ça se passe. À la fin on boit un coup, on discute, et on démonte. La dernière semaine, c’était normal de ne pas avoir eu l’impression de voir le spectacle, mais c’est en gros à peu près chaque fois. Ça m’a particulièrement frappé quand, une fois enfermé dans notre hexagone, comme 4 abeilles dans leur alvéole verticale, j’ai vu les premiers yeux apparaitre dans les petits cercles de couleur. Je savais ce que ça allait se passer, mais dans la frénésie des derniers moments, je n’avais pas eu le temps de me faire une image mentale de ce que ça allait représenter, et j’étais très surpris par le résultat, autant que les spectateurs, dans un effet de miroir tout à fait imprévu. C’est très intéressant, je trouve, cette posture où nous nous mettons de ne créer véritablement le spectacle que quand les gens sont là. Les choix artistiques que nous posons, nous ne pouvons pas les faire en fonction d’un résultat escompté, nous n’avons pas le temps d’hésiter. Et il me semble que ce que nous proposons vient d’une autre couche de réflexion que d’habitude. Cal proposait au départ de travailler selon un de ses principes favoris, qu’il appelle « counter-intuition », ce que je comprends par « aller à l’encontre de son intuition ». Nous n’avons pas eu le temps d’aller dans le détail, et le fait de communiquer exclusivement en anglais nous a mis dans une position d’approximation de la communication qui a été très riche. Mais je pense que ça n’a fait qu’exacerber un peu plus la ligne de fond du processus créatif que nous explorons. D’une part, je pense qu’en fait, nous nous fions beaucoup plus à notre intuition, dans le sens où l’idée vient d’abord, elle nous plait, et on se demande après si ce qu’elle dit nous plait sur un plan plus général ; d’autre part, et c’est là que je pense qu’on rejoint Cal, c’est que ce qui nous vient n’est pas le fruit de notre intuition à nous, mais du bouillon d’idées dans lequel nous nageons, et duquel elles éclatent comme des bulles. Ressurgissent de cette façon des vieilles envies un peu idiotes que nous n’avons jamais pu justifier ailleurs, mais aussi des idées qui ne nous seraient jamais venues dans un autre contexte. Pour terminer sur l’approximation et ses bienfaits : Notre ami Cal n’a pu lire les billets de notre blog, que par l’intermédiaire d’un logiciel de traduction à la volée qui s’appelle babelfish, et j’avoue avoir été fort tenté de poster celui-ci en le faisant passer à cette moulinette. Je sais qu’il nous lira par cet intermédiaire, et j’espère qu’il comprendra que je le salue, et que je lui souhaite une bonne « recalberlinification ».


SAMEDI 22 NOVEMBRE 2008

Stéphane Olivier — 19:07

Samedi, l’heure de la sieste. Dehors il «pleinge» (il pleut et il neige et même temps). J’écris maintenant parce que je voudrais avoir mon dimanche vide de tout BD et que ce soir je vais voir «Living».

A chaque BD, c’est plus aigu; il est de plus en plus difficile pour nous d’anticiper le résultat de ce que nous entreprenons. Le résultat pour nous, et le résultat pour le public. Difficile aussi d’en parler après, d’avoir un regard sur ce que nous avons fait. Et encore aujourd’hui je me rends compte qu’on a mis en place un dispositif cohérent, mais aussi que tout ce qu’il l’a soutenu, n’est pas encore clair pour moi.

La plupart du temps, en marge de la «fabrication» du spectacle se construit un «discours» sur le spectacle, et donc après les premières représentations avant de pouvoir se dire ce qu’est vraiment le spectacle qu’on joue on régurgite. Parfois on se rend même compte que le discours c’est substitué à la réalité du spectacle et qu’on a été un temps déconnecté de ce qui se passe sur scène.

Dans notre boîte, hier, sous les regards des spectateurs les mettant dans la position de se désigner comme des voyeurs, et nous comme des vus; la dynamique de la situation à fonctionner au-delà de nos prévisions. Ce que nous avons présenté était lisible, ce dont nous n’étions pas certains quelques minutes avant 19h.

Sur un des panneaux quelqu’un a proposé qu’une phrase de Pierre Dac, que nous avions trouvé pour illustrer «l’assuétude au savon»: «De la paume au rectum, un seul savon Cadum». Voilà chose faite.

VENDREDI 21 NOVEMBRE 2008

Bernard Van Breusegem — 10:36

Avec un jour de retard.
Faut-il consommer l’alcool avec modération? Est-ce possible quand on est, ne fût-ce qu’un peu, fragile? Cette formule qui accompagne les pubs a l’air tellement faux -cul qu’on a du mal à y croire. Et puis qui est ce «modération» avec qui il faudrait consommer? On arrive très bien à boire tout seul…
Je me pose quand même toujours des questions sur mes addictions après avoir passé la journée à consulter assez compulsivement toute une série de documents traitant de nos façons de boire et de nous mettre la tête à l’envers. J’ai aussi parcouru pas mal d’études sur le cannabis sativa et les conséquences que peut entraîner sa consommation. C’est une drogue assez généralement considérée comme douce, et, d’après ce que j’ai lu, et que j’ai d’ailleurs moi-même éprouvé (mais ma propre expérience n’a évidemment aucune valeur scientifique, elle n’est qu’une parmi d’autres) elle n’entraîne aucune dépendance physique. Psychologiquement, c’est une autre histoire, parfois la paranoïa qu’elle engendre ne disparaît plus, et j’ai l’impression qu’on n’arrivera pas cette fois à le faire, ce blind date. Non mais, c’est qui, cet Irlandais allemand qui nous a rejoint pour repartir, j’en suis sûr, à la fin de la semaine, et nous laisser seuls ou à peu près, comme les invités de la dernière fois? Ah, c’est facile pour eux de venir faire les jolis cœurs avant de disparaître en emportant tous les lauriers. Et cet Allemand irlandais, là, je suis sûr qu’il se fiche de nous derrière notre dos. Il n’arrête pas de sourire. Et puis, franchement, ça n’a aucun intérêt, de faire un spectacle en cinq jours, comment pourrait-on produire quelque chose d’un tant soit peu intéressant, avec des commissaires qui nous envoient des sujets éculés, mille fois traités, et bien mieux par d’autres qui font eux, des choses intéressantes… Où est-ce que j’en étais? Oui, la paranoïa. Réelle, semble-t-il, mais pas chez moi, mais non.
En fait je tendrais à penser que ce blind date pose aussi, en fait, la question de la norme, et de pourquoi on reste à l’intérieur de la norme. Mais la science s’intéresse évidemment plus au comment qu’au pourquoi, et c’est assez…normal.


JEUDI 20 NOVEMBRE 2008

Miguel Decleire — 23:35

Je crois qu’on a rarement pris un sujet aussi légèrement, avec autant de désinvolture par rapport au politiquement correct. C’est un grave sujet, pourtant. Mais nous ne pouvons en définitive parler que de nos propres addictions, et du regard que les autres ont dessus. Nous ne nous occupons des addictions des autres que tant qu’elles nous énervent, qu’elles nous empoisonnent la vie. Mais nous ne devons pas nous « occuper » d’elles, les « traiter », ou simplement aider les personnes à vivre avec celles qui deviennent vraiment problématiques. Nous pouvons nous permettre de les tourner la tête à l’envers, et de retourner le sujet comme une chaussette, et d’en faire des marionnettes. C’est que nous estimons en être tous victimes, à un degré ou un autre. Nous en vivons, et c’est la part de nous qui cède à l’irrationnel, disons que c’est le bac à sable, et nous parvenons malgré tout à nous surveiller plus ou moins du coin de l’œil comme le parent qui en profite pour lire le journal. On se rend bien compte qu’il y a un risque à en parler sérieusement, ce sont de ces choses sur lesquelles il est difficile, voire impossible, de porter un jugement. En parler, c’est déjà les juger, car soit on partage l’addiction, on fait partie du club, une « communauté », le groupe complètement hétéroclite que réunit une seule et même addiction, et alors on partage cet engouement irraisonné, ou alors on n’en fait pas partie, et tout ce qu’on peut dire, c’est qu’on n’y comprend rien, et on ne peut que hausser les épaules. Il n’y a rien à y comprendre. C’est un jeu, il nous prend, ou non. J’ai partagé cette même perplexité, cette semaine, en lisant les articles médicaux sur ce sujet, devant leur embarras. Je traduis à la volée la conclusion d’un de ceux qui considèrent leur embarras avec le plus d’humour : « Alors, finalement, que disons-nous à nos patients maintenant ? Nous sommes pris dans un paradoxe (...). Ce que nous pensions être mauvais pour vous peut en réalité être bon pour vous, mais il est possible que ce ne soit pas bon de vous le dire au cas où vous exagériez, et il n’est certainement pas bon de vous dire que c’est bon pour vous si vous exagérez déjà – pour autant que nous puissions d’abord être d’accord sur ce que c’est que exagérer. » Faisons la fête avant que la médecine s’occupe de nous rendre heureux. (Just what the doctor ordered – more alcohol and sex).

Stéphane Olivier — 23:10

Sans doute que le jeudi soir, est le moment de la semaine où on peut être enclin à tisser des liens entre le sujet et notre propre pratique, lien souvent évident.

Soit que tous les commissaires ai pensé a lié leurs sujets a notre projet, soit qu’il s’agit d’une projection de ma part. Ce qui en dit beaucoup sur la façon dont je traite un sujet.

«Il (le circuit du plaisir) sert, semble-t-il, à motiver et à récompenser par une sensation de plaisir, la répétition de comportements nécessaire à la survie des espèces: manger, boire, avoir des rapports sexuels, des liens d’attachement, des rapports sociaux et se procurer un abri.»

Blind Date commence a comporté une composante répétitive qui n’est pas des plus simple a dépassé. C’est assez détaché/éloigner de la composante créative, mais cette semaine, comme la semaine passée; alors que nous faisons des choix stylistiques que je qualifierai d’audacieux (encore une fois ce ne sera pas du «théâtre»), j’ai l’impression que à certain moment pour chacun de nous trois la confiance en soi s’effrite, disparaît même à certain moment. On perd le fil, le «ça je suis capable de le faire» qu’on se dit au fond de soi avec une petite voix, la petite certitude acquise (peut-être a tort), à la main moite, qui glisse. Reboot.

C’est de ça qu’il s’agit. Reboot (le reboot ou amorçage, en informatique, désigne la procédure de démarrage d’un ordinateur, qui comporte notamment le chargement du programme initial).

Un plaisir attendu, escompté (encore une fois cette excitation de la création, comme le goût immuable et parfait du pain à la grecque de chez D.) y est comme abrasé par la répétition. Cette abrasion, je ne la combats pas, je pense et parfois je le ressens (un peu), qu’il y ait autre chose qui pointe son nez (un plaisir nouveau, comme celui d’une glace au parfum inconnu de chez C&G). Une retenue, une certaine contenance, un poli, des chemins intérieurs usés qui passent.

Cette abrasion que je pense nous ressentons tous les trois dans cette septième semaine, j’espère qu’elle ne s’opère pas seulement sur nous, au détriment de notre humeur. Ou plutôt que nous pensons la sentir s’opérer sur nous, mais qu’en fait elle nettoie notre pratique. Elle ne la nettoie pas de ces coquetteries, ni sans doute de ces postures (a quoi bon d’ailleurs), mais j’espère de nos premières censures, comme une peinture qu’on nettoie fait apparaître les repentirs, les traits premiers.

Bernard Van Breusegem — 10:52

Avec un jour de retard.
Je vous parlais donc de la sérendipité, ce terme inventé le gentilhomme anglais, Horace Walpole, et de ce conte avec des princesses et des chameaux. C’est ce que je fume en ce moment. Des chameaux filtre. Officiellement, j’ai quitté, comme on dit dans la langue de Dickens, mais il se fait que je continue à en griller une de temps en temps. Surtout quand je bois. Actuellement, je bois surtout le vendredi, après le blind date. Et j’en profite d’habitude pour fumer les cigarettes des autres. Greg et Gemma, lors du blind date précédent, pétunaient, eux, plus sérieusement. Voilà, je les balance, c’est mal, je sais. Comme fumer. Et je les ai rejoints plus souvent qu’à mon tour. Cette semaine, je me suis soudain surpris à acheter un paquet en me disant qu’elles allaient être…bonnes, toutes. Une petite voix dans ma tête me le certifiait. Je pense qu’on est toujours à la recherche de LA cigarette, la seule, celle qui a ce goût inimitable et pour trouver celle-là, on doit passer par toutes les autres. Cette semaine, je re-commençai donc par les autres. Je vous rassure tout de suite, je ne suis pas du genre à fumer n’importe quoi. Je suis un garçon sérieux, je les achète sans additif, bio quoi. Je tiens à ma santé. Et je pense bien sûr à celle de ceux qui, malgré eux, respirent un peu de mes rejets. Je les prie aussi de m’excuser, et je les assure que ces rejets sont sans additif. Ceci posé, il se fait que ma dépendance au tabac est une chose dont je dois toujours tenir compte. Oui, "c ’est ça une dépendance", comme diraient Bacri et Jaoui. "Va fumer dans la cuisine".
Inhaler de la fumée est une chose que je pratique depuis l’âge d’environ quatorze ans, avec une interruption volontaire de deux ans entre ma vingt-sixième et ma vingt-huitième année. C’est une des choses que j’ai pratiqué le plus dans ma vie, avec la masturbation. Mais même les meilleures choses ont une fin. Et j’ai décidé de mettre un terme à cette addiction lorsque ma compagne fût enceinte. Depuis, j’ai pratiqué occasionnellement et, le plus souvent, en privé, je pimente cette herbe à Nicot d’une autre. C’est ce qu’on appelle un usage récréatif. Tout cela ne m’inquiète pas. Devrais-je? Maintenant, fumer régulièrement la cigarette me dégoûte assez: je l’ai essayé aujourd’hui et franchement, sans cracher dans la soupe, je préfère le chewing-gum. Mais je sais aussi à quel point on se sent toujours plus fort qu’on ne l’est réellement. Dans un billet précédent, je soulevais le fait qu’on si on se mentait si facilement, il n’est pas très difficile de mentir aux autres. Et quand il s’agit de plaisir, là, on est vraiment prêt à tout se permettre…
Quelqun a du feu?

— 20/11 22:29

Moi, je suis accro aux mots écrits sur le site Blind date...! J'y vais comme je vais relever le courrier avec impatience et curiosité. Ces deux qualités font partie de mes addictions. La curiosité surtout, oui, une part d'inattendu, ne pas savoir ce qui viendra là tout de suite : la lettre que je lirai, le message De Bernard du jour (du genre : il arrive toujours à me faire rire et cette fois, comment s'y prendra-t-il ?), les mots qui s'échangent sur Facebook, la suite de la série que je regarde en ce moment("In treatment", je suis totalement addicted). Ma dopamine à moi, elle me semble étroitement liée à la part secrète, encore inconnue de l'avenir tout proche. Ma façon de convoquer l'inattendu, dans l'espoir de dépasser ma limite quotidienne. En cela, je ne crois pas qu'il soit possible d'être vraiment libre. J'ai essayé de me libérer de toute dépendance par une pratique spirituelle intense et régulière. Ca marche. Au point de ne plus éprouver beaucoup de plaisirs... Et de perdre beaucoup de mes limites humaines : les douleurs, les afflictions, les frustrations. Au point de me sentir libre aussi. L'addiction spirituelle est le sujet que j'aimerais explorer. Car rien n'a vraiment pu égaler certaines de mes méditations et j'en éprouve un manque constant. Et comme Miguel avec la cigarette, mais pour d'autres raisons, je préfère pourtant m'abstenir de recommencer... J'aimerais vraiment être là vendredi... Frustration claire et franche. Vivement le prochain Blind Date et surtout celui où je pourrai être là (le 12). Impatience et curiosité donc... D.S. de G.

MERCREDI 19 NOVEMBRE 2008

Miguel Decleire — 22:25

À travailler comme ça sur l’addiction et la dopamine, je me dis que le vrai sujet, c’est le plaisir. Nous sommes dans une société où le plaisir n’est toléré que s’il devient une addiction – c’est plus rentable. Le plaisir n’est plus vu comme une satisfaction personnelle, il faut que ça devienne un phénomène social, il faut qu’il s’affiche, il faut qu’il se vende. Il faut qu’on le contrôle, il faut qu’il rapporte. Ce ne sont pas les addictions dont on parle et qu’on stigmatise, bien sûr. On ne stigmatise pas encore l’addiction au téléphone portable, à internet. On en rigole doucement. Pourtant, des études suédoises faites en remontant depuis 1984 montrent qu’on a 240 % de chance de plus de développer une tumeur au cerveau avec un téléphone portable. Mais on n’en parle pas encore. Ce sera sans doute comme avec la cigarette, on n’a pas commencé à la diaboliser quand les associations de consommateurs ont eu gain de cause, non, quand les gouvernements se sont rendus compte que la cigarette coutait plus aux États qu’elle ne leur rapportait. Et quand les compagnies cigarettières ont eu terminé d’investir dans les hôpitaux et la recherche spécialisée dans les cancers du poumon – dans ces cas-là, le plus intelligent est de maitriser l’ensemble de la chaine, non ? On est gagnant sur toute la ligne. Je pense que le plaisir est transformé en addiction parce que, secrètement et fondamentalement, on en a honte. Pour nous, le plaisir est comme un aveu de faiblesse, c’est quelque chose qu’on ne mérite pas. On n’est jamais assez bien pour le plaisir qu’on a. Le professeur de ma fille, à qui on demandait ce qu’elle devait fournir comme travail, a répondu : « Le maximum. » Qu’est-ce que ça veut dire, le maximum ? L’école est en train de la formater pour qu’elle s’épuise au travail, qu’elle ne se sente jamais digne de rien, et que ses plaisirs soient des palliatifs à une image de soi qui est systématiquement détruite. C’est fondamentalement très chrétien – je ne suis pas digne, etc. Le plaisir est forcément coupable, immérité, à revendiquer, destructeur. Pourtant, les études montrent que le plaisir a un rôle non négligeable sur la santé et le bien-être, c’est curieux. Quand on se sent bien, on va mieux. Ça me rappelle cette histoire, qui est peut-être une légende urbaine, d’un vieil homme condamné par le cancer ; il avait les moyens d’installer chez lui une salle de cinéma privée, où il s’est permis un dernier plaisir avant de mourir, celui qu’il n’avait jamais pu assez assouvir dans sa vie : visionner des films comiques, toute la journée. Un mois après, ses médecins n’en revenaient pas, son cancer avait disparu.

Stéphane Olivier — 22:04

Je me souviens d’avoir lu que si une drogue comme la morphine était administré pour soulager d’une douleur, une fois les causes de cette douleur et la douleur elle-même éliminée, il n’y avait aucun risque d’addiction à la morphine.

J’ai appris aujourd’hui que dans certains cas (ce qui doit accentuer la confusion) il existe des comportements de «pseudoaddiction». Ces comportements surviennent soit uniquement dans le contexte de la douleur. Mais les comportements sont identiques dans la pseudo- addiction et l’addiction vraie. La seule différence évidente est que dans la "pseudo-addiction", les comportements suspects disparaissent complètement avec le traitement efficace de la douleur et ne persistent pas dans les périodes sans douleur.

Cette interrogation est au centre de «Dr House» une série que j’aime assez. Le «Dr House» prend de la Vicodin™ pour calmer la douleur que lui impose sa jambe. Sa jambe qu’il a refusé de perdre (par coquetterie, par orgueil), choix qu’il a payé d’une livre de chair.

La Vicodin™ contient de L’hydrocodone, un opioïde semi-synthétique dérivé de deux des opiacés naturels, la codéine et la thébaïne. L’hydrocodone est considéré comme 1, 5 fois plus puissante que la morphine naturelle.

Ça me rappelle ma grand-mère qui a 80 ans qui ne dormait pas, sauf le samedi. Parce que le samedi elle buvait un whisky. Quand on lui a dit qu’elle pourrait boire un whisky tous les soirs, elle s’est offusquée que jamais elle ne serait alcoolique.

D’après l’IASP (International Association for the Study of Pain): «La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite en termes d’une telle lésion», il pourrait donc y avoir une douleur derrière chaque addiction.

Dans notre société le rapport à la douleur est moral, il y a une douleur légitime, juste. Et une autre douleur qui est tout le contraire, c’est peut-être celle-là dons l’apaisement est un crime.

Bernard Van Breusegem — 10:41

Avec un jour de retard.
Cette pilule blind date que nous prenons tous les lundis nous a encore mis dans tous nos états créatifs. Heureusement, la dose sera limitée à dix prises. Pourvu qu’on n’en reste pas accro. Celle de ce lundi a donc déjà produit, diront-nous, des effets, et pas que secondaires. En tout cas, le lieu de nos futurs ébats semble s’être précisé grandement, par «serendipité». Joli mot qu’Horace Walpole (non, ce n’est pas un ami de Cal Mac Bride) a découvert pour exprimer l’idée d’une chose qu’on trouve en cherchant autre chose. Ce mot a son origine dans un conte persan qui raconte le voyage de la princesse Serendip et de ses chameaux. Ceci allié au «zeitgeist» (esprit du temps, choses que l’époque permet, selon Goethe) nous donne peut-être un toit pour nos prochaines aventures de vendredi. Mais n’anticipons pas. La molécule de dopamine est décidemment inspirante, elle nous emmène sur des voies qui vont de Jean Cocteau (Opium –journal d’une désintoxication) à Janssen, le fabricant gantois de neuroleptiques (7 familles –comme le jeu!) qui furent très utilisés par les psychiatres de l’ex-union soviétique pour persuader les dissidents qu’ils aimaient beaucoup le régime. Je ne suis pas certain que ça ait fonctionné. On a aussi parlé, incidemment, de la maladie de parkinson, de la schizophrénie (qui ont évidemment à voir avec la molécule précédemment citée) et du mélange antidépresseur et alcool qui semble être très usité ces temps-ci et très, très détonnant. Et ce n’est pas Monsieur Manatane qui me contredira.
Pour le reste, notre anglais s’améliore de jour en jour, et aujourd’hui, on est même arrivé à prononcer correctement «choréography», ce qui va peut-être s’avérer nécessaire les jours qui viennent. Hal Hartley valse donc dans nos têtes avec Bela Tarr sur une musique de new model army. «No rest for the wicked». Till Friday.


MARDI 18 NOVEMBRE 2008

Stéphane Olivier — 23:06

Ce matin en me rendant au studio, au milieu de la bruine, deux cars de CRS et deux camionnettes blindées antimanifestant trônaient au centre de la place Flagey. Ce soir en rentrant il restait un camion-canon à eau comme un gros rat noir dans la nuit. Le parking retourne au parking, et l’immobilier a tous les droits. «Les forces de police sont intervenues mardi matin à partir de 10 heures au 133 de la chaussée d’Ixelles, à Ixelles, pour procéder à l’évacuation des centaines de personnes sans-papiers qui occupaient le bien depuis le 4 novembre, cela à la suite d’un arrêté du bourgmestre pour raisons de sécurité et à une décision de justice en faveur du propriétaire, Electrabel.», le sujet d’il y a 2 semaines fait son Léviathan (celui de Hobbes).

Aujourd’hui après plusieurs bonnes idées on s’est interrogée sur la fonction de l’addiction, du type de plaisir qui la provoque. Le plaisir est un des termes du sujet tel que nous l’a énoncé Catherine Hanak «…la dopamine, qui nous fait ressentir du plaisir. Il sert, semble-t-il, à motiver et à récompenser par une sensation de plaisir, la répétition de comportements nécessaire à la survie des espèces: manger, boire, avoir des rapports sexuels, des liens d’attachement, des rapports sociaux et se procurer un abri. Chez l’homme, il…».

Il semble donc que le plaisir, avec l’addiction, s’écarte des besoins. Reste la nécessité.

Une de nos hypothèses est que la drogue, l’argent, l’alcool, Facebook, le sexe, la religion, la spiritualité (tout ce qui peut provoquer une assuétude) provoquent un plaisir ou nous sentons libres (libre comme on est en prise, maîtrisant le réel). En s’y aliénant le réel, les contingences répétitives de la survie qui s’oppose a la liberté totale (une hallucination?). N’est-il pas nécessaire de se sentir libre alors que toute la matérialité du monde ne fait que nous rappeler nos limites. Mais encore une fois n’y a-t-il

pas une confusion entre libertés (un absolu) et l’autonomie (une possibilité). L’addiction serait

alors un épiphénomène d’une pathologie plus vaste, d’une nécessaire aliénation qu’exige notre société.

On c’est aussi accordé a dire que toutes les addictions que nous connaissons ont une fonction analgésique ou tout le moins antalgique. La peur et la douleur, repoussée.

On s’est aussi dit que le sentiment d’addiction était très profondément intime. Ma mère tout à l’heure m’a dit «Alors comme ça tu étais dipsomane?». J’ai pris cette interrogation comme une preuve.

Mais ce que je me demande ce soir c’est si l’indien des Andes qui mâche de la coca pour supporté le mal de l’altitude… s’il descend sur la cote avec sa famille et ces proches, qu’on lui trouve un travail agréable et rémunérateur, que ces enfants vont dans une bonne école et que sur la terrasse sa grande maison face à la mer, aux bords de la piscine il boit un jus de fruit frais, est-ce qu’il a encore envie de mâcher de la coca?

Miguel Decleire — 22:10

C’est le deuxième jour, et déjà j’ai l’impression qu’on a travaillé presque une semaine. L’idée pour le dispositif est là, les achats principaux sont faits, il n’y a plus qu’à le construire et à savoir ce qu’on va faire dedans avec précision. L’addiction est un sujet stimulant, on dirait. Il capte nos synapses et nous fait produire beaucoup de dopamine, il nous plait, il encourage notre curiosité, notre imagination, il nous promet une belle récompense pour vendredi, et possiblement, retardera l’arrivée chez nous de la maladie de Parkinson. Il nous fait considérer nos addictions sous un jour nouveau, presque avec sympathie, puisque nous pouvons jouer avec elles et satisfaire finalement la seule, la grande, la véritable addiction, celle à l’addiction elle-même. Que ferions-nous sans addiction ? Contempler la vie depuis une montagne, comme un moine zen qui vivrait selon le principe « pas d’attachement, pas de refus » ? Et est-ce que la dopamine n’est pas diablement stimulée aussi par la discipline zen, comme par tous les entrainements, toutes les choses qu’on a besoin de pratiquer longtemps pour arriver à un degré de satisfaction ? Où est le problème, d’ailleurs, avec l’addiction ? C’est embêtant à partir du moment où il y a plus de déplaisir que de plaisir – pour soi et les gens autour de soi. En tant que ancien fumeur, ça m’ennuie de penser que si je retire sur une cigarette, la nicotine va m’induire des pensées du genre « D’accord, ça goute le vieux pneu, mais ce n’est pas si grave si tu la fumes jusqu’au bout, non ? » Alors je m’abstiens, ce qui n’est pas difficile, puisque après tout ça pue, ça tue, et c’est cher. En plus je n’en ai plus du tout envie. Perspective de déplaisirs exclusivement. Même si je sais que je suis toujours dépendant, que mes capteurs neuronaux vont se réactiver instantanément si je refume, ça ne me coute rien de renoncer à cette addiction-là. Mais par contre, je passe beaucoup de mon temps à essayer de faire fonctionner plein de trucs sur linux. Un peu trop pour que ce soit raisonnable. Je peux le motiver très clairement, pour des raisons idéologiques, politiques, pratiques jusqu’à un certain point, mais tout au fond, j’y suis attaché parce que c’est un endroit où j’ai fait mon trou moi-même, et qui me promet des possibilités infinies de d’intervention et d’adaptation, que je pourrais faire moi-même. Ce qui est peu probable, vu que je ne suis pas développeur. Mais tout de même. La promesse d’un chez moi extensible à l’infini. Comment, et pourquoi, y renoncer ?


Bernard Van Breusegem — 11:25

Avec un jour de retard.

Un Irlandais vivant à Berlin+une spécialiste des neurosciences. On pourrait croire au début d’un roman de Len Deigthon, «mes funérailles à Bruxelles» ou quelque chose comme ça. Voilà, ça s’appelle «Blind date», ça se passe dans le quartier européen ou à peu près, et un expert irlandais y débarque pour prêter secours à trois fonctionnaires belges, afin de résoudre une affaire liée aux drogues, sur base de renseignements fournis par une certaine Catherine Hanak…

Mais on n’est pas dans un roman, en fait c’est mieux que ça: on l’écrit en quelque sorte en temps réel et Cal Mac Bride, notre invité de cette semaine est plus qu’un expert, il est un amateur dans le vrai sens du terme, c’est-à-dire qu’il aime ce qu’il fait, et qu’il est débordant d’énergie et d’envie. Tout cela, plus le fait qu’il parle anglais avec un accent du nord à la vitesse d’une aston-martin ont fait qu’aujourd’hui fut «a busy day». D-jaying ideas comme dit Cal. Le détonateur de cette semaine, c’est une histoire d’addiction, d’assuétude (comme on ne dit presque plus en français), ce qui nous a amené à explorer nos dépendances communes, nos odeurs corporelles, les crottes et les poils de nos nez, notre pitié (celle qu’on a et celle qu’on fait), nos peurs, nos culpabilités, et le binôme conviction-addiction. De manière assez logique, pour tous les sujets qui nous sont proposés, nous essayons surtout, en plus du -léger- travail de documentation, d’analyser ce qui nous y relie. Être personnel, d’autant plus subjectif, que le sujet semble objectif. Par rapport aux sciences, c’est tout ce qu’on a, mais ce n’est pas rien.

Pour ce qui est de la métaphore, Cal nous a aussi parlé d’un cinéaste hongrois (il n’y a pas que les footballeurs qui sont doués en Hongrie, voir blind date précédent). Il s’appelle Bela Tarr et il y a des choses de lui sur le net (j’ai lu qu’il était dans une sélection cannoise en 2007). Ça vaut la peine d’aller voir.

Pour revenir sur les assuétudes, et ceux qui en souffrent gravement, Cal disait assez justement que ce qu’on se dit surtout c’est: «thank god, i’m not like that». Toujours l’histoire de la poutre et de la paille. Mais cette fois elle sert à sniffer de la coke.


Lao-Tse — 19/11 10:03

"There is no bigger disaster than not to know what is enough...to know that enough is enough, this is ever to have enough." Lao-Tse, 6th Century BC,

LUNDI 17 NOVEMBRE 2008

Miguel Decleire — 23:58

Il y a des addictions dont on parle moins que d’autres. L’addiction au travail sur les lieux du travail ne donne pas lieu à des cures. Elle se soigne plutôt dans les bars, où on la traite avec un remède dont il est difficile de se défaire par la suite, notamment sur les lieux de travail. L’addiction à la culpabilité est plutôt bien vue aussi, même si elle est insupportable quand on se retrouve au bar avec une de ses victimes. Mais on dirait qu’elle arrange beaucoup de monde, parce que celui qui en est la victime ne se préoccupe que de lui, et ceux qui ne s’occupent que des autres en sont bien contents. C’est une des plus difficiles à vaincre, la dépendance à la culpabilité, parce qu’on ne s’en fait jamais assez pour parvenir à son but, fût-il de se libérer de la culpabilité. On ne parle non plus pas beaucoup du contrôle compulsif, c’est vu parfois comme de l’altruisme, cette propension à régler les problèmes des gens malgré eux. Que dire alors de la dépendance au gain, à l’avidité ? On appelle ça l’esprit d’entreprise, le gout du risque, une attitude virile et rebelle. Everyone loves a rebel. Pour ne pas parler de l’addiction au pouvoir, l’ivresse de la domination, qu’on camoufle en leadership, savoir mener ses hommes, avoir de la poigne, etc. Les grandes gueules sont complètement asservies à ceux qu’ils impressionnent, que seraient-ils sans eux ?
L’indépendance complète n’existe évidemment pas. L’autonomie est une chose toute relative. Nous dépendons complètement de notre environnement, au point d’être complètement façonné par lui. Il nous loisible de nous en écarter un peu, de temps en temps, et pour autant qu’il le permette. Nous dépendons des autres, de la nourriture, de la température, et aujourd’hui de l’électricité, d’internet. Que ferions-nous sans eux ? Nous serions perdus, comme les premiers hommes qui avaient perdu leurs poils et se retrouvèrent dans les premières glaciations. Pas de chance. Mais à partir de quel moment est-ce que ce dont nous dépendons pour exister devient une manie, une addiction ? Pourrions-nous nous défaire de notre attachement irraisonné à la vie ? Heureusement qu’il nous reste encore quelques jours pour tirer tout ça au clair.


Stéphane Olivier — 20:32

Je ne suis pas alcoolique. J’ai été dipsomane (Dipsomanie: impulsion morbide se traduisant par une tendance irrésistible à boire de grandes quantités d’un liquide toxique, en général alcoolisé, et survenant par crises périodiques souvent précédées d’une phase de tristesse). J’ai réduit ma consommation d’alcool au minimum quand je me suis rendu compte que j’avais peut-être une prédisposition génétique à l’alcoolisme, mais aussi que l’alcoolisme ne se soignait que par l’abstinence. Et me priver du plaisir de boire m’a semblé un mauvais calcul.

J’ai arrêté de fumer en devenant père, heureusement pour moi j’avais commencé tard. Seule l’odeur d’un bon cigare qui menace mon abstinence.

J’ai arrêté pas mal de drogues pas longtemps après les avoir essayés, parce que je n’aimais pas tant que ça ce que l’effet que ça me faisait. Et les autres ont perdu peu à peu de leurs intérêts.

J’ai une addiction certaine au travail. En tout cas à ce travail, par ce que j’ai travaillé dans un bureau, je n’avais aucun mal à ne rien faire.

J’ai une certaine addiction à internet, mais je ne suis ni un Geek, ni un Otaku; mais si j’étais né 10 ans plus tard…

Mon addiction au sexe me semble tout a fait justifié.

On a commencé par ça aujourd’hui. Ou en sommes-nous de nos addictions.

Tout à l’heure et travaillant je n’ai pas été étonné qu’aliénation et addiction soient souvent associées (L’aliénation désigne la dépossession de l’individu et la perte de maîtrise de ses forces propres au profit de puissances supérieures).

En 1996, des généticiens américains et israéliens avaient annoncé que la curiosité semblait en partie liée à une forme particulière du récepteur 4 de la dopamine, un neurotransmetteur majeur dans le cerveau. Ces résultats, fondés sur des études statistiques, restaient sujets à caution, étant retrouvés par certaines équipes, mais pas par d’autres. Pour lever cette incertitude, des ornithologues allemands et néerlandais, sous la direction de Bart Kempenaers, ont choisi d’étudier un modèle animal plus simple, la mésange charbonnière. Et, effectivement, les mésanges les plus curieuses portent le plus souvent une forme particulière du gène codant pour le récepteur 4 à la dopamine. Celle-ci se trouve modifiée exactement dans la même région du récepteur que la forme déjà associée chez l’homme à la recherche de nouveauté. La curiosité provoquerait donc du plaisir comme certaines drogues.

Je m’en doutais.

Bernard Van Breusegem — 20:32

Juste ce petit mot encore une fois volé (j’ai honte, j’ai honte) au temps de travail commun pour dire que, cette semaine encore, j’aurai un jour de retard dans mes petites livraisons. Belgacom m’a dit aujourd’hui que le technicien viendra le 25 pour ma connexion et que ça me coûterait 66 euros (le nombre du diable avec un 6 en moins). Allelujah! Allelujah! il y a une vie après le déménagement!


vk — 18/11 12:04

reste a se poser la question morale : c'est si grave d'être addicte ? ça n'a pas que des mauvais côtés non? mettons qu'on soit addicte a nietzshe, ou a transquinquennal, ou a aretha franklin ou a un petit grigri en peau de bête (cherchez le lien). loads of fun, tant on assume les conséquences. tant que mon addiction s'arrête la ou commence celle de l'autre... quelque part dans ce concept sont embusqués des ave maria et des pater noster non ? reste a inventer quelque chose comme l'addict attitude de bruxelles capitale (a opposer au think pink californien)

BLIND DATE 7

VENDREDI 21 NOVEMBRE 2008

SUJET

Voici le sujet, qui occupe beaucoup de monde chez les chercheurs en neuroscience et les cliniciens des dépendances :


Les infortunes du circuit du plaisir!


Nous les hommes, comme tous les mammifères, avons dans le cerveau un circuit neuronal appelé le circuit du plaisir. Lorsqu'il se met en fonctionnement, il libère une molécule, la dopamine, qui nous fait ressentir du plaisir. Il sert, semble-t-il, à motiver et à récompenser par une sensation de plaisir, la répétition de comportements nécessaire à la survie des espèces: manger, boire, avoir des rapports sexuels, des liens d'attachement, des rapports sociaux et se procurer un abri. Chez l'homme, il est aussi, croit-on, activé par l'humour, la beauté, la musique, les activités artistiques, les passe-temps agréables, le sport, les divertissements, le jeu. Il peut l'être aussi par les récompenses sociales et l'argent ... et voici le problème, par la nicotine, l'alcool et toutes les drogues, qui ont la capacité dans diverses mesures, de littéralement s'installer dans le circuit du plaisir, de le détourner de ses activateurs habituels et de le faire tourner rien que pour eux, soit en lui faisant libérer énormément plus de dopamine, soit en n'en laissant plus assez pour les autres substrats qui n'ont alors plus grande importance.

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CATHERINE HANAK

Catherine Hanak est licenciée en histoire, docteur en médecine spécialisée en psychiatrie et psychothérapeute. Elle est également enseignante à l'ULB, responsable de l'unité des dépendances au CHU Brugmann et chercheur en neurosciences.

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CAL MCBRIDE

D’origine canadienne, Cal McBride a grandi en Irlande du Nord, où il a commencé à travailler à la BBC en tant que correspondant junior en télévision et en radio. Suite à cette première expérience, il continue sa formation auprès du producteur et réalisateur américain John Sayles.Dans les années 90, il quitte Belfast pour Hambourg, et est engagé à MTV / VH-1, où il occupe des fonctions aussi variées que nettoyeur ou producteur.

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Blind Date par Transquinquennal
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