DIMANCHE 14 DECEMBRE 2008

Miguel Decleire — 21:29

Ce dernier blind date était parmi un des rares auxquels nous avons pu assister, en tant que spectateurs. Bernard, Ivo et moi étions parmi vous, pour pouvoir intervenir en cas de souci de diffusion. Il n’y a pas eu lieu de le faire, heureusement, et nous avons pu assister au spectacle. Il y a une chose qui m’a frappé, c’est que personne n’a choisi de ne pas écouter. Nous aurions souhaité que les gens puissent choisir de ne pas se soumettre à l’autorité des écouteurs, et de préférer le silence. Mais c’était peut-être illusoire de penser que les gens allaient lâcher la seule chose qui risquait de contenir un peu de l’évolution du spectacle. Ou alors il aurait fallu être beaucoup moins drôle. Beaucoup beaucoup moins. Ce qui était aussi intéressant à observer aussi, c’était la difficulté des spectateurs à se regarder les uns les autres. Il n’y avait rien d’autre à voir, pourtant, dans cette espèce de salle aux pas perdus, et sans doute que le fait que personne n’a choisi d’enlever son appareil tenait à ça aussi. Tout le monde au même endroit avec le même baladeur, écoutant la même chose au même moment, mais chacun pour soi. On aime autant garder ça pour soi, surtout qu’à n’importe quel moment, on peut être sous le projecteur lumineux, et il n’y a rien à faire, c’est la lumière qu’on regarde. C’était aussi très curieux d’observer que les premiers spectateurs qui sont entrés ont immédiatement été se disposer autour de l’unique source lumineuse. Autour, mais pas dedans. Comme des papillons prudents, qui ne veulent pas se brûler. À la réflexion, c’est peut-être bien comme ça qu’on se fait manipuler. On veut être pris en compte personnellement, mais pas être exposé. La force des religions et autres accapareurs de conscience, récupérateurs d’indécis, c’est de répondre à chacun sans en faire un groupe, de les changer en masse, de les polariser dans un seul sens. En tout cas, avec Simona et Ivo, qui travaillent en groupe, nous en avons formé un autre, de groupe, un vrai groupe, où on parle et où les idées rebondissent. Merci beaucoup à eux pour leur fantaisie implacable.

SAMEDI 13 DECEMBRE 2008

Bernard Van Breusegem — 23:57

Ite missa est. La messe est dite. Hier, avec ce dixième opus, s’est refermé le grand livre de ces blind date.

Déjà, diront certains. Enfin diront les autres.

Nous ne dirons rien. Nous sommes neutres, bien entendu. Ni juge, ni partie. Mais non.

Nous ne prenons pas position. C’est ce qu’on attend de parfaits démocrates, non? Du politiquement correct. Ou alors du politiquement incorrect: l’avers de la même pièce. Ce n’est pas là que nous nous situons. Sur ce plan là, de nous, il n’y a rien à attendre. Ainsi, nous avions certainement un avis, une position, sur les sujets qui nous étaient offerts, et cet avis nous le formulions parfois après le spectacle et quelques bières, nous étions alors volubiles et fatigués. Ou excités. Mais à ce moment-là, c’était fini déjà, tout avait été dit. Ou alors rien. Mais de toute façon, il était trop tard. Ce qui subsistait, c’était peut-être la trace du coin que nous avions tenter d’enfoncer dans le bois de ce sujet pour le fendre, avec parfois des éclatements, parfois des noeuds inattendus, et parfois du petit bois et des jolies bûches.

La manière dont nous avons vécu cette semaine avec ce sujet particulier est un peu une métaphore de la manière dont nous avons à chaque fois travaillé. Vers la radicalité. Cet «aménagement raisonnable» au début nous ne l’avons pas pris pour nous, personnellement. Et puis, nous nous sommes rendus compte à quel point, par le biais de ces «aménagements raisonnables», on grignotait, en fait, une part de notre pensée. Certains voudraient penser pour nous. Et en faire la publicité. Non merci. On n’aime pas la pub. Donc, nous n’avons tendu ni la joue gauche, ni la joue droite, ni rien du tout. A chaque fois et cette fois particulièrement, nous avons essayé de tendre nos moyens poétiques à l’extrême pour faire vibrer la corde de nos sentiments avec l’archet de notre raison. C’est chiadé, hein? Cela vous va comme formule? Et comme bonus, parce que c’est vous, un éloge du subjectif en art avec cette citation de JP Sartre (et s’il ne l’a pas dit, il aurait pu): «Ce qui est important n’est pas la chose regardée mais le regard qui est porté sur la chose». Pour ce qui est de ce que nous avons fait exactement hier soir, je n’en dirai rien, sinon que ce fut un plaisir de travailler avec Simona et Ivo. So long, folks.

Stéphane Olivier — 19:05

«C’est le deuxième Blind Date que je vois et je me suis demandé, est- ce que vous connaissez le travail d’Isidore Isous» et aussi «Ce n’est pas vraiment du théâtre c’est plutôt des installations tout ces Blind- Date’s», deux choses que j’ai entendues hier soir.

Et je cède donc a un de mes travers. Théâtre (Etym.: du grec theatron = "le lieu d’où l’on regarde" (de theomai= "je regarde ", "je suis spectateur"), dans ce sens, tous les Blind Date était du théâtre.

Même ce soir, même si l’impression était qu’on ne devait qu’écouter. Écouter dans un rapport différent; chacun écoutant pour lui dans son casque ce que tout le monde écoutait dans le sien. Tout le monde écoutait dans le silence. Et tout le monde voyait se dessiner des frontières sans cesse répéter et modifiez. Être dedans ou dehors.

La règle représentée comme une liste sans fin, un Ourobouros. La loi comme la défense du choix; «je retire mon casque, je vais voir plus loin». On ne peut pas juger de la règle sans la loi. J’étais en régie avec Simona, Ivo, Miguel et Bernard dans la salle avec le public. Je lançais les 3 CD. Et Simona sans doute pour la première fois lançait les lumières. Elle avait le texte et l’image de la salle par webcam devant les yeux, et les doigts sur les boutons. On a pas répété. Elle l’a fait du premier coup - parfaitement - parce qu’elle savait ce qu’elle faisait.

En route vers Irkoutsk, Michel Strogoff se fait capturer par les tartares; «Regarde de tous tes yeux! regarde!» avais dit Féofar- Khan, en tendant sa main menaçante vers Michel Strogoff. (…) Un appel de trompettes se fit aussitôt entendre. C’était le signal des divertissements.

«– Voilà le ballet, dit Alcide Jolivet à Harry Blount, mais, contrairement à tous les usages, ces barbares le donnent avant le drame!
Michel Strogoff avait ordre de regarder. Il regarda.»

(…)

«– Tu es venu pour voir, espion des Russes. Tu as vu pour la dernière fois. Dans un instant, tes yeux seront à jamais fermés à la lumière!
Ce n’était pas de mort, mais de cécité, qu’allait être frappé Michel Strogoff.»

Les yeux brûlés au fer rouge, Michel Strogoff, est aveuglés.

Il retrouvera la vue, ces pleurs, ont empêché que les brûlures soient irrémédiables.

Faire acte de regard, nous d’abord, le public avec nous ensuite, c’est, je pense, le moyen de la catharsis, la mimétis étant dans l’acte commun.

La plupart des spectateurs ont gardé leurs casques, supportant la litanie des interdits qui leur était susurrée à l’oreille. Peu d’entre eux on préférer profiter du silence. Evidement ce choix (inhabituelle) opérait un tropisme et retranchait ces interdits religieux et identitaires de leurs champs d’influence habituelle. Délimitant leur sphère d’influence à la vie privée. C’est toujours plus facile d’être respectueux de quelqu’un dont on sait qu’il fait passé le bien collectif avant ces intérêts individuel.

A Simona et moi qui l’observions, le public semblait s’organiser avec une grande fluidité, rien ne semblait pouvoir provoquer le moindre conflit même mineur, c’était comme une représentation parfaite de la paix.=

JEUDI 11 DECEMBRE 2008

Bernard Van Breusegem — 23:48

On dirait bien que ça sent l’écurie. Les étalons piaffent dans les box. Les étalons, c’est nous. Nous piaffons. Demain le box s’ouvre. Hier je croyais que vendredi. Aujourd’hui je sais que vendredi: je suis passé aux certitudes. Ca me semble s’imposer. Il était temps. Aujourd’hui, nous avons travaillé avec Ivo Simona et avec Dieu, Jehovah, et Allah là quelque part. Ils se sont encore invités à notre table. Saloperie. Mais on a quand même fait un aménagement raisonnable pour les recevoir. Jusqu’à demain. On les tient à l’oeil. On essaie de les circonscrire (oui vous avez bien lu). On prend des notes. on enregistre des sons. On capture des images. On pend des projecteurs. On lit des livres.
On lit par exemple ceci dans le «Manuel des confesseurs» (1842), sous la plume (!) d’un certain Mgr Bouvier: «Pèche mortellement celui qui se complaît à regarder ses propres parties pudiques, car il est impossible que ces regards ne fassent pas naître chez lui des mouvements lubriques. Il en serait autrement s’il les regardait par pure curiosité.»
Je devais justement passer à la salle de bain. J’ai d’autant plus envie d’y aller. J’y vais d’ailleurs de ce pas.

Stéphane Olivier — 23:44

La loi a autorité sur la règle. La loi est la même pour tous, la règle est le choix de chacun.
Dans un état démocratique; la loi est une règle écrite de caractère permanent ayant une portée générale et un caractère impératif, élaborée et votée par un Parlement élu. Faire des aménagements dans la loi, c’est faire quels aménagements à la démocratie.
La loi (règle, prescription émanant de l’autorité souveraine dans une société donnée et entraînant pour tous les individus l’obligation de s’y soumettre sous peine de sanctions) et la règle (Prescription émanant d’une ou de plusieurs personnes faisant autorité dans une société ou un groupe donné) et démocratie (régime politique, système de gouvernement dans lequel le pouvoir est exercé par le peuple, par l’ensemble des citoyens).
Ce jeudi, on voit plus clair.
Les «aménagement raisonnables» d’aujourd’hui sont les conséquences de ceux d’hier, de ceux qui ont été faits au début, à l’écriture des lois. peut-être qu’ils nous renvoient a ce qu’il y a d’archaïque dans nos lois.
La position du juriste n’est pas celle du législateur, ni celle de l’homme d’État. La nôtre est encore différente. La séparation de l’église et de l’état - sans accommodement - affirme la valeur du choix. Ce que nous mijotons pour demain devrait tourner autour de cette idée.
Je sèche un peu pour finir ce billet, alors je fais une citation: «Pour peu que les hommes réfléchissent sur ce qu’ils sont, sur leurs vrais intérêts, sur le but de la société, ils sentiront ce qu’ils se doivent les uns les autres. De bonnes lois les forceront d’être bons, et ils n’auront pas besoin que l’on fasse descendre du ciel des règles nécessaires à leur conservation et à leur bonheur. La raison suffit pour nous enseigner nos devoirs envers les êtres de notre espèce. Quel secours peut-elle tirer de la religion, qui, sans cesse, la contredit et la dégrade?» (Le christianisme dévoilé (1761), Paul Henri Thiry d’Holbach, éd. A Londres, 1776, p. 98).

Miguel Decleire — 23:44

J’avais fait un drôle de rêve mercredi, mais le lien avec le sujet ne m’est apparu que ce matin. Je suis dans un village méditerranéen, maisons de pierre jaune, soleil, abondance de fruits, etc. On me fait savoir pourtant que je vais devoir sacrifier mon fils. Je n’y crois évidemment pas, c’est une sale blague qu’on me fait, et je continue mes affaires. Chez un marchand, il y a pourtant quelque chose d’un peu bizarre : au-dessus d’un étalage de fruits, il y a un petit bœuf blanc, sanglé de toutes parts, et grand comme un gros chien. Il trépigne, il voudrait s’en aller, mais il ne peut pas. Je ne sais pas à quoi il sert, et en plus, je remarque qu’il est blessé, de grosses écorchures, un peu partout, comme s’il avait voulu s’échapper. Plus tard, quelqu’un vient me chercher et me dit que tout est prêt. J’arrive, et je vois, devant une assemblée assez conséquente, une forme recouverte par une couverture sur un fauteuil. Je me dis que c’est la créature que je dois sacrifier, mais je pense qu’il s’agit sûrement d’un chien, ou d’un animal. Je soulève la couverture, et je vois qu’il s’agit réellement de mon fils. Il est tremblant de peur, et je ne vois pas son visage, il le tient tourné vers le fauteuil où il est couché. La personne qui m’a amené me tend alors une sorte de grande machette avec une lame en forme de feuille, qui me rappelle la forme des thons prêts à être débités. Il me dit aussi : « Il n’y a pas de raison d’avoir peur, quelque chose va se passer qui va t’empêcher de tuer vraiment ton fils. » Je ne sais pas si je dois le croire, mais je n’ai pas le choix. Puisqu’on me donne cette porte de sortie, il n’y a pas de raison de ne pas m’exécuter. Je lève la lame, et en l’abaissant, je me rends compte instantanément que rien ne viendra l’arrêter, et je dévie le trajet autant que je le peux. Je ne touche mon fils qu’à la tête, très légèrement, et avec une sorte d’humour tout à fait curieux pour la situation, comme s’il avait compris avec moi, il dit : « Et paf ! » quand il a reçu le choc. Je le prends évidemment dans mes bras, tout le monde me dit : « Tu vois, tu vois », mais je sais bien à quoi je dois de pouvoir encore serrer mon fils dans mes bras, et on lui met 3 points de suture alors que nous savourons tous les deux notre libération.
Je suis terrifié d’être encore à ce point envahi par ces atroces légendes bibliques, où il est tenu un compte si rigoureux de l’amour inconditionnel qui nous est donné. C’est la même voix qui nous accable du péché originel, qui nous rend incapable de le surmonter, qui nous sauve en se sacrifiant divinement et en nous rendant à jamais insolvable, c’est la voix de l’amour. Je pense que cet amour-là doit être soigné. Et que d’avoir été éduqué chrétiennement, c’est comme d’avoir été fumeur : on a beau avoir arrêté, c’est toujours là, prêt à surgir à la moindre occasion.

MERCREDI 10 DECEMBRE 2008

Bernard Van Breusegem — 23:12

On dirait bien que la première saison de bd est en train de se terminer. Plus qu’un épisode et puis, plus rien. Sinon l’attente insupportable d’une possible suite.
Nous planchons sur l’épisode de vendredi. C’est d’ores et déjà un feuilleton à la fois biblique et coranique, où le héros est un juif converti au catholicisme qui décide de devenir musulman (sunnite), pour plus de sûreté. C’est là qu’il rencontre un athée qui doit se convertir au judaïsme (loubavitch) pour épouser la fille qu’il aime. Mais il se pose la question de savoir pourquoi il faut enlever absolument le nerf sciatique de l’animal abattu pour respecter la cacheroute. Alors que rien n’est dit à propos du nerf optique.
Lui même a pour meilleur ami un musulman chiite et végétarien qui collectionne beaucoup les icones coptes et les cds pirates de chants grégoriens, et qui en développe une grand sentiment de culpabilité…
C’est une proposition. Disons que c’est dans les cartons, écrit sur papier bible naturellement, mais à bien y réfléchir, je ne suis pas sûr qu’on va faire ça.
En fait, on a été saisi d’un grand doute, ce qui est normal vu le sujet. Et il n’y a que les imbéciles et les fanatiques qui ne changent pas d’avis. On est loin d’être des fanatiques. J’ai été un peu fan des clashs dans les années 70, mais j’ai arrêté. Et, sans lever aucunement le voile sur ce qui va se passer vendredi, je crois que vendredi. Non, il ne manque rien, mais ne m’avancerai pas beaucoup plus aujourd’hui. Et c’est déjà pas mal comme affirmation. Je crois que vendredi. Il y a beaucoup de gens qui ne croient plus en rien. Même la bourse n’y croit plus.Moi je crois que vendredi. Et ça suffira pour aujourd’hui.

Miguel Decleire — 22:18

Bon, je suis désolé, je pense que je vais de nouveau faire dans le didactique, mais je ne peux pas me départir d’un certain malaise que je voudrais dissiper en essayant un peu de mettre mes idées au clair sur ce blog – et tant pis si au passage j’enfonce quelques portes ouvertes. Personnellement, j’aurais tendance à considérer les pratiques religieuses comme des pratiques culturelles différentes. Elles ne me dérangent pas tant qu’elles ne me mettent pas en cause. Je suis prêt à m’y adapter et/ou à les respecter. Les gens sont comme ils sont, on n’est pas obligé de les contraindre à changer leurs comportement contre leur gré, mais on peut prévenir des malentendus possibles, comme on l’a fait pour nous au Japon, par exemple. Les gens sont différents, les cultures sont différentes, c’est comme ça, c’est tout, il n’y a pas besoin d’autre justification.
Maintenant, que la raison invoquée pour justifier ces différences soit la religion me met beaucoup plus mal à l’aise. Sans doute que c’est lié à ma propre histoire par rapport à la religion. Mais si j’analyse un peu plus ce malaise, c’est un sentiment d’injustice que je ressens. La religion est donnée, en elle-même, comme argument irréfutable par excellence, un argument d’autorité, qui se justifie par lui-même. C’est précisément une des raisons qui me l’ont fait rejeter. On ne peut rien dire contre la foi, puisqu’elle se place au-dessus de la raison. Il y a là une part qu’on ne peut discuter. Or, pour faire communauté au-delà des différences, il est nécessaire de discuter. Les athées n’ont pas besoin de faire montre de quelque chose qu’ils considèrent être en-dehors de la réalité. Pourtant, il leur faut sans cesse accepter de composer avec ceux qui ont besoin de manifester leur foi. Alors que les croyants n’ont pas à s’adapter aux athées. Ils peuvent les réprouver, les mépriser, ils ne sont pas obligés de composer avec les dictats de leur non-foi. En tant qu’athée, il me semble que je ne contraint personne. Je ne contraint pas un catholique à pratiquer un avortement contre son gré, puisque l’avortement est loisible d’être choisi ou refusé. Mais dans un pays strictement catholique, je n’aurai pas le choix. Si je prépare du porc, le musulman ne pourra pas le manger, mais je ne perdrai rien à ne pas manger de porc chez lui. Qui peut le plus peut le moins, mais pas le contraire. C’est toujours celui qui est le plus adaptable qui s’adapte à celui qui l’est moins. On peut discuter des modalités de l’adaptation, mais la foi se donne justement comme un absolu indiscutable – et c’est à l’individu religieux de choisir jusqu’où il s’adapte, non à la religion. Celle-ci préconise par ailleurs à ses fidèles la tolérance, mais elle ne cesse pas pour autant de se prétendre instance et vérité absolue, unique, malgré et par-delà du réel, alors que pour ceux qui vivent en dehors de la religion, le seul horizon est la réalité, qui est commune à tous.

Stéphane Olivier — 22:09

Aujourd’hui vers 16h j’ai changé d’orientation «religieuse». Immédiatement j’ai modifié mon profil sur Facebook. Aucune réaction. Ou si, mais sur un autre changement que j’ai effectué, j’ai noté «Marier» plutôt qu’«En couple», machinalement. Myriam et moi sommes mariés depuis plusieurs années, mais nous somme en couples depuis près de 18 ans, on s’est mariée pour des questions fiscales, de succession et d’éventuelles propriétés. Donc «En relation» c’est nul et «Marié», ça n’a rien à voir.
Je ne suis donc plus athée, mais antithéiste. Jusqu’à cette après- midi, je ne savais pas que ça existait, mais Miguel m’a révélé. L’ antithéisme ( étym. Proudhon: Correspondance, Écrits sur la religion 1865) décris le système de pensée activement opposé au théisme, c’est- à-dire à la croyance en un Dieu intervenant dans le monde. Il se distingue de l’athéisme. Contrairement à l’athéisme, l’antithéisme considère les religions comme une nuisance aux sociétés et à l’humanité. L’antithéisme se distingue surtout par le mépris, voire la haine, des religions ou de ceux qui les pratiquent (Wikipédia).
Après trois jours d’agitation autour des «accommodements raisonnable» je perds beaucoup de ma mesure. Etre athée m’a semblé finalement très «politiquement correct», et cette tolérance a sens unique m’apparaît un peu comme un attrape nigaud et puis évoqué Proudhon…
Joseph Proudhon prônait l’autogestion (affirmation de la liberté de l’homme par l’homme) et - au début de sa vie - l’absence de propriété (donc la fin du droit du sang ou du droit du sol - et donc de toutes ces histoires). Autogestion signifie gestion par soi-même: du grec autos «soi-même» et du latin gesto, «gérer». Dans sa définition classique, c’est le fait que, pour un groupe ou une structure considérée, les décisions sont prises par ce groupe ou l’ensemble des personnes de la structure considérée. Cette définition peut s’appliquer à la façon dont nous travaillons dans Blind Dates avec les invités, et aussi a beaucoup de travail en groupe. Il existe cependant une autre définition, plus politique, ses postulats sont la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés, la transparence et la légitimité des décisions, la non-appropriation par certaines des richesses produites par le collectif, l’affirmation de l’aptitude des humains à s’organiser sans dirigeant. Cette autogestion se construit en explicitement contre des pratiques qualifiées de hiérarchiques, autoritaires, verticales, contre des formes de dépossession que constituent certains modes d’organisation. En d’autres termes, ce type d’autogestion, permet une réappropriation d’une forme d’organisation collective.
C’est peut-être ce qui me gêne le plus dans ces «accommodements raisonnables» liés aux pratiques religieuse, ils ne semble pas être un pas dans le chemin de l’autogestion. Mais plutôt une inscription du fait religieux dans le fonctionnement de l’état.

MARDI 9 DECEMBRE 2008

Bernard Van Breusegem — 23:36

Le blind date est une religion et nous en sommes ses prophètes. Elle n’est pas monothéiste, mais monomaniaque, puisque nous creusons inlassablement le même sillon. Nos dogmes, nous les avons établis nous-mêmes et, si rien ne nous fut révélé, nous n’en n’avons pas moins une cosmogonie, des rites, et un calendrier précis.

Et chaque vendredi, nous prêchons la bonne nouvelle à des fidèles qui viennent célébrer avec nous un drôle de shabbat. Pour officier cette fois, nous nous sommes donc adjoint la compagnie de deux grand’ prêtres qui ne sont pas des enfants de choeur dans leur discipline même si leur église n’est pas la même que la nôtre. Les anciennes religions aiment rarement les nouvelles: elles leur font de la concurrence. Allez donc demander au Vatican ce qu’ils pensent de la scientologie. Nous qui avons la religion de l’Art, qui y croyons, qui pratiquons, nous n’essayons cependant de convertir personne, et quand on considère le théâtre que nous faisons, on pourrait presque nous traiter d’apostats.

Pour revenir sur les rapports entre ces deux passe-temps, l’art et la religion, ils ne sont pas si évidents, et ce, depuis longtemps. On a souvent demandé à l’un de chanter les louanges de qui-vous-savez, on lui a passé des commandes, ou alors on lui a interdit de le représenter, et parfois on l’a interdit purement et simplement. Et en passant, je vous rappellerai quand même que jusqu’au début du siècle passé les comédiens n’avaient pas le droit d’être enterrés en terre sainte, c’est-à-dire dans les cimetières. Ce n’est pas qu’ils le voulaient tous, mais quand même. Pour ce qui est des religions monothéistes, leur intransigeance a toujours épousé le contour de leur pouvoir séculier, et plus il est grand, plus elle est grande. C’est un vaste sujet, aussi vaste que l’obscurantisme, mais moins impénétrable que certaines voies. Et puis comptez sur nous pour amener le beurre ou la margarine.

Je terminerai par cette citation que j’aime bien ressortir de temps en temps. Elle est d’un certain Salman Rushdie et vient de son livre «step across the line», collected non-fiction 1992-2002. Je ne sais pas si vous en avez entendu parler de ce type, il a eu de légers problèmes avec des gens qui n’aiment pas les romans en général et les siens en particulier. Voilà ce qu’il disait du respect devant des diplômés d’une école en journalisme: «A première vue, le « respect » est l’une de ces idées auxquelles personne n’est hostile. Comme un manteau en hiver, comme le ketchup sur les frites! Tout le monde est pour. Mais ce que nous entendions naguère par respect, un mélange de considération bienveillante et d’attention sincère, n’a pas grand-chose à voir avec la nouvelle acception idéologique du mot. Aujourd’hui les extrémistes religieux exigent qu’on respecte leurs attitudes avec une violence croissante. Très rares sont ceux qui refusent l’idée que le droit des gens à la croyance religieuse doit être respecté, mais on nous demande maintenant d’accepter que contester ces croyances – les considérer comme suspectes, dépassées ou fausses, en un mot discutables - est incompatible avec l’idée de respect. Autrement dit respecter signifie être d’accord avec. Mais si le désaccord doit être aussi une forme d’irrespect, nous avons succombé à la police de la pensée. Sachez que les citoyens des sociétés libres ne préservent pas leur liberté en n’osant effleurer les opinions de leurs concitoyens, fussent-elles leurs croyances les plus chères. Dans les sociétés libres, les idées doivent s ‘affronter librement. La discussion est nécessaire, il faut qu’elle soit passionnée et sans entrave. Les sociétés libres sont dynamiques, bruyantes, turbulentes, pleines de désaccords radicaux.»

Salman, tu viens manger des frites à la maison quand tu veux.

Stéphane Olivier — 22:58

Travaille de rhétorique aujourd’hui (rhétorique: Technique du discours; ensemble de règles, de procédés constituant l’art de bien parler, de l’éloquence), on a le sujet, on cerne à peu près notre point de vue sur celui-ci; reste a trouver la forme que doit prendre notre discours. Le biais qui fait de nos idées une représentation.

La loi, c’est de ça qu’il est question… (loi: Règle, prescription émanant de l’autorité souveraine dans une société donnée et entraînant pour tous les individus l’obligation de s’y soumettre sous peine de sanctions) ou bien est-ce qu’il s’agit de droit (droit: Fondement des règles régissant les rapports des hommes en société, et impliquant une répartition équitable des biens, des prérogatives et des libertés) ou bien de morale (morale (phylo.): Qui est relatif à la réflexion philosophique sur le bien et le mal, à une théorie particulière des règles de conduite).

Ces «accommodements raisonnables» qui semblent nécessaires ou superflus ne sont-ils pas de fait des failles dans la forme législative de l’état. Que tout soit fait pour qu’en aucun cas un handicap ou une différence biologique ne soit discriminatoire me semble tout à fait être du rôle de l’état («De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins.») et la raison dictera qu’il ne faut pas d’accommodement à cette règle, or il y en a eu. Que rien ne soit fait pour qu’en public un signe discriminant (volontaire ou non) ne singularise l’un ou l’autre (alors que la volonté de l’état de ne discriminer personne), or si c’était peut-être l’esprit de la loi ce n’était pas son interprétation.

Je voulais conclure en écrivant ; «Faire des «accommodements raisonnables» n’est-ce pas faire de l’estompement de la norme un forme de jurisprudence», mais ça ne faisait que 287 mots, alors j’ai fait une recherche sur la constitution canadienne.

La notion des «accommodements raisonnables» semble liée a une série de péripéties judiciaires survenues au canada, et le premier article de la «Charte canadienne des droits et libertés» (première partie de la constitution canadienne) sous la rubrique «Garantie des droits et libertés», les impose de façon implicite; «1. La Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits et libertés qui y sont énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une règle de droit, dans des limites qui soient raisonnables et dont la justification puisse se démontrer dans le cadre d’une société libre et démocratique.» La constitution belge «Art. 12 la liberté individuelle est garantie.» et «Art. 19 La liberté des cultes, celle de leur exercice public, ainsi que la liberté de manifester ses opinions en toute matière, sont garanties, sauf la répression des délits commis à l’occasion de l’usage de ces libertés.», en tout cas ces deux articles devrait permettre aux jeunes sikhs de porter le Kirpan (poignard rituel) dans les cours de récréation (comme au Canada). Et la constitution européenne est plus limpide encore «ARTICLE II-70 (Liberté de pensée, de conscience et de religion) 1. Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites.» est encore plus claire. Et d’avoir trouvé ces trois extraits je suis un peu consterné, rien de laïque là-dedans, aucun cantonnement de la religion à la sphère privé; alors, en effet autoriser une manifestation religieuse (la croix sous le col roulé) et pas une autre (le foulard), est discriminatoire.

J’ai fait ces recherches successives parce que j’espérais trouver un texte plus conforme à mes convictions, peine perdue. Et comme hier je ressors une de mes citations de chevet: «Tout le problème de ce monde, c’est que les idiots et les fanatiques sont toujours si sûrs d’eux, tandis que les sages sont tellement pleins de doutes.» Bertrand Russel.

PS-1: Ce soir sur Arte Thema «La laicité européene est-elle en danger?», (coïncidence?)

PS-2: Article 1 de la constitution française; «1. La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.»=

Miguel Decleire — 20:13

Deuxième journée plongés dans les oscillations entre le droit et la religion, entre le droit à la différence et le droit à la non-différence (ou encore le droit à l’indifférence). Aujourd’hui, j’ai vu sur internet que les Papous d’Indonésie revendiquent leur droit à la nudité, en réaction à une loi que le gouvernement indonésien (musulman) voudrait promulguer, dite loi « anti-pornographie ». Je vous renvoie pour plus de détails sur les sites d’information, moi je l’ai vu sur celui de la RTBF. J’ai trouvé cette nouvelle intéressante, parce qu’elle posait la problématique sous un angle un peu différent, et qu’elle mélangeait les mêmes ingrédients pour un autre cocktail (sans vouloir offusquer les personnes que la mention d’alcool pourrait choquer, qu’ils soient musulmans ou alcooliques anonymes, ou autres... et depuis que j’ai vu, en me penchant sur les quiz de facebook, qu’on est invité à mentionner lorsqu’on en crée un si le contenu concerne l’alcool, j’aime autant prendre mes précautions). La loi en question vient de l’État indonésien, mais elle est poussée par les musulmans les plus conservateurs, c’est donc une loi d’inspiration religieuse qui se sert du véhicule civil pour tenter d’imposer un code de conduite qui trouve sa source dans des préceptes qui relèvent du droit religieux ; certains y voient une étape vers l’établissement de la charia. Les Papous la voient comme une tentative d’assimilation forcée, et sont d’autant plus véhéments qu’ils ne sont pas une population immigrée en Indonésie, mais qu’ils ont plutôt été annexés par celle-ci, et ce assez récemment. Le port de l’étui pénien n’est pas pour eux une matière religieuse, mais une question d’identité culturelle. Par ailleurs, s’ils sont encore assez peu en contact avec le reste du monde, les traditions changent peu à peu, et les plus jeunes se mettent à porter t-shirts et pantalons comme partout ailleurs dans le monde. Et le chef de la police indonésienne locale est déjà prêt à des accommodements raisonnables, puisqu’il estime ne pas devoir appliquer cette loi au cas où elle passerait, parce que selon lui, la nudité n’a pour les Papous qu’un caractère primitif, et pas pornographique – ils n’en sont pas encore à ce stade-là, selon lui. Je ne sais pas trop que penser de la chose, mais que le symbole de l’étui pénien remplace le foulard islamique comme emblème de revendication proposait un intéressant renversement de perspective. Par ailleurs je m’interroge toujours sur la nature de l’identité. Ce n’est pas du tout une question individuelle, au contraire. Elle ne se définit pas comme ce qui est l’ensemble des caractéristiques les plus particulières d’une personne, mais au contraire, à qui il ressemble, à qui il est « identique », à quels groupes il appartient. Et je me demande ce qui nous pousse à appartenir à un groupe donné, pour nous opposer à un ou d’autres groupes, qui sont perçus comme des menaces. Par exemple, nous ne nous revendiquons Européens que pour nous démarquer des Américains, sans nous rendre compte que nous avons avec eux beaucoup plus de points communs que nous le pensons. Ce qui me semble aussi curieux que, de la part des Britanniques, de revendiquer une plus grande proximité culturelle avec l’Inde qu’avec le reste de l’Europe...


LUNDI 8 DECEMBRE 2008

Bernard Van Breusegem — 23:25

C’est par cette belle journée d’automne que nous nous somme mis en route Miguel, Stéphane et moi. De la brume montait des taillis. A travers la brume matinale, on pouvait voir les collines environnantes. Nous marchions d’un pas allègre, humant l’odeur qui émanait de la mousse des sous-bois. Nous guettions le moindre mouvement, à l’affût. Quand soudain, nous entendîmes un appel provenant de l’épaisseur de la forêt. Etonnés, nous nous arretâmes, aux aguets, scrutant les sous-bois, quand nous vîmes surgir de derrière un buisson encore feuillu, Simona Denicolai et Ivo Provoost, précédés d’un vol d’étourneaux. Eux aussi étaient partis de bon matin et ils nous rejoignaient avec entrain, pour partager ce bon moment avec nous. Après les salutations d’usage, et un café chaud et réconfortant, nous nous mîmes en chasse, contents d’être ensemble, excités à l’idée de dénicher un gibier intéressant. Tout à coup, surgit de nulle part, apparut un sujet. Il détalait, nous l’avions sans doute effrayé. Il avait, nous le savions, été débusqué par Emmanuelle Bribosia, notre rabatteuse, et maintenant il était là, devant nous, presqu’à portée de main. Nous ne l’avions pas vu alors qu’ il se cachait si près de nous et que nous ne nous en doutions pas. Nous ne pouvions pas deviner qu’il aurait l’air aussi fringuant. Ses couleurs étaient chatoyantes et dans la lumière du petit-matin, son poil brillait: il semblait montrer des aspects inattendus de lui-même, une gamme de possibilités excitantes, il avait l’air même de nous provoquer à l’attraper. D’abord, nous avons tous essayé de l’ajuster, mais il se dérobait, il essayait de fuir, de se dissimuler derrière ce qui s’offrait à lui pour se dissimuler. Peine perdue, il était dans notre viseur, et nous le tenions fermement en joue. Une toute première salve d’idées l’encadra.

Les détonations pétaradaient joyeusement dans l’air frais et résonnaient entre les arbres, l’odeur de la poudre nous excitait les narines: les choses se présentaient bien. La fumée une fois dissipée, nous vîmes qu’il essayait de s’échapper encore en se glissant au coeur d’arguties juridiques qui poussaient là en bouquet serré. Nous sourions cependant, détendus, sûrs de notre fait, prêts à relacher les chiens de nos cerveaux affamés d’invention. Le sujet ne perdait rien pour attendre: nous accrocherions sa peau au dessus de nos cheminées fumantes, vendredi au plus tard, nous en étions sûrs,

Stéphane Olivier — 23:04

C’est le dixième Blind Date de cette série (je dois dire que je recommencerai bien cette expérience -un jour - en changeant l’un ou l’autre variable), et cerner le sujet ne sera pas facile.

Une des premières choses auquel j’ai pensé en lisant les documents qui accompagnent le sujet d’Emmanuelle Bribosia (les «accommodements raisonnables» en matière de diversité religieuse), c’est a mon professeur de géographie Mr Choprix (qui a rendu mes études secondaires réellement passionnantes) qui nous a dit au détour d’un de ces cours; «on ne peut pas avoir à la fois l’égalité et la justice, c’est l’un ou l’autre». Cette phrase m’avait choqué, parce qu’évidemment à 17 ans j’aurai voulu un monde à la fois égalitaire et juste.

Égalité («l’égalité devant la loi, condition d’après laquelle tous les citoyens sont sujets de la loi, sans exception ni privilège» - Littré) versus Justice («règle de ce qui est conforme au droit de chacun; volonté constante et perpétuelle de donner à chacun ce qui lui appartient» - Littré); ma perception est que l’égalité est un principe de raison tout les homme on a même valeur et doivent être traité comme tel) alors que la justice est un principe moral (crime de sang contre crime de bien, etc.). C’est un peu flou, mais je crois que «les accommodements raisonnables» sont les accommodements que la justice fait à l’égalité, ou ceux que fait l’égalité à la justice. Et encore une fois je me mets à ruminer ce conflit qui à l’air très actuel, ou en tout cas très préoccupant - pour moi au moins - de l’individuel et du collectif. L’individuel comme une illusion et le collectif comme seul moteur de l’identification (j’ai l’impression de l’avoir déjà dit ça).

Mais pourquoi tourner autour du pot, ce qui me gène dans la formulation du sujet, c’est «…en matière de diversité religieuse», et en fait ce n’est pas dans le sujet que ça me gène, c’est dans la réalité. Je ne suis pas sûr de vouloir respecter la diversité religieuse, ni l’unité religieuse d’ailleurs. Je suis athée, et je ne supporte pas le prosélytisme religieux.

Mais entre ce que je supporte ou non et la réalité dans laquelle je vis; il y a forcement un hiatus. J’espère que je verrai plus clair demain, entre ma pensée et ce sujet qui nous tient cette semaine.

Evidement je ne suis pas juriste et puisque je me répète ce soir, je ressors ma citation de William Gaddis au début du «Dernier acte»; «La justice? Tu auras la justice dans l’autre monde, dans ce monde tu as la loi». La loi, c’est de ça qu’il est question.

Miguel Decleire — 19:06

Le droit et la religion pour terminer nos blind dates, c’est pas mal. On ne terminera pas sur une note mièvre, il y aura du contenu. Maintenant, comment débrouiller l’écheveau du sujet que nous propose Emmanuelle Bribosia, c’est autre chose. Pour autant que je puisse avoir une opinion pertinente à ce stade-ci, il me semble qu’il y a deux choses très différentes qui se superposent. D’une part il y a la question de savoir jusqu’où on peut publiquement s’afficher comme différent, et malgré tout rester en interaction « vivable », ou « tolérable » avec les gens qui partagent notre environnement plus ou moins immédiat. C’est ici une question de choix de vie personnel, où, en fonction de convictions personnelles, on se démarque plus ou moins de la société dans laquelle on vit. L’autre niveau est celui de la religion, où les préceptes d’une instance, dont on a fait sa conviction, vont à l’encontre de ceux de l’instance de l’État. Si le conflit se situe là entre deux instances « supérieures », c’est pourtant la personne qui se retrouve prise entre les deux feux, et qui doit prendre sur elle de trouver un moyen de résoudre la contradiction entre les instances. D’un côté, il est question du libre choix d’une personne par rapport à une instance, la loi civile, de l’autre, d’un conflit d’allégeance entre deux instances, dont on a peut-être librement choisi de se soumettre à l’une d’elles, la religieuse, auxquelles on est tenu de se plier (quoique il me semble que ce soit une conception assez occidentale que le libre choix d’embrasser une religion ou une autre, car elle suppose déjà la coexistence de plusieurs religions ou confessions entre lesquelles on pourrait exercer un choix, comme on fait son marché, en fonction de ses convictions). Bien sûr, ma réflexion est celle de quelqu’un qui, à un moment donné, à refusé de se soumettre à la religion dans laquelle on l’a éduqué, et qui donc a du mal à comprendre qu’on puisse, par libre choix, être obligé de refuser de s’adapter à une situation donnée parce qu’il s’est approprié et s’identifie à une façon particulière de faire ou de ne pas faire. Et qui a aussi peine à comprendre qu’on puisse donner une valeur absolue à un geste particulier comme le fait la religion. Comment trouver une coexistence entre deux instances qui tentent d’établir des absolus, de nature pourtant très différentes ? Cette coexistence ne peut être que relative, fluctuante selon les situations, pragmatique, et entrer par là-même en conflit avec l’absolu que tente d’imposer les religions.
Bien sûr, ce n’est qu’une manière d’aborder la question, qui est bien plus complexe que ça – et je n’ai pas encore lu l’entièreté des articles proposés. Mais, à ce stade-ci, il me semble que toutes les religions, qu’elles soient majoritaires ou minoritaires, sont contraintes de se plier à l’argument de Tartuffe : « Le ciel défend, de vrai, certains contentements ; / Mais on trouve avec lui des accommodements. »


Ivo & Simona — 9/12 19:48

L'illusion d'un appareil de taille réelle Certains individus souffrent du symptôme de l'incompris. Jusqu'en 1990 on parlait alors de la maladie de l'incompris. L’incompris ne fait pas confiance aux autres, il aime être seul, il projette l’image d’un délinquant bien qu'ayant souvent des idéaux politiques frôlant l’utopie, auxquels la majorité de la population n’adhère pas ; il est impliqué socialement, il écoute de la musique provenant de la culture underground et, finalement, il ne suit pas la mode afin de ne pas être assimilable à un groupe social particulier. La découverte de l'étranger peut être l'occasion d'un attrait réciproque : mariages mixtes, communautés pluriculturelles. Mais elle peut également être la source de l'expression d'un rejet : pogroms, lynchages publics, expulsions, insultes. La peur de l'étranger peut aussi être développée comme argument politique. L'artiste contemporain assume parfois une fonction sociale ou même politique pour tenter d'agir sur le monde. Dans le même temps, les écoles d'art forment aujourd'hui des artistes bien rodés aux processus de communication et de marketing du management de l'art. L’art devient un enjeu politique d'état, enjeu politique et marchand. On observe à l'heure actuelle une perte de repères par rapport à l'autonomie et à la sincérité du créateur. Toutefois, les prix des œuvres atteints sur le marché, suggèrent que les enjeux de l'art continuent de défier toute compréhension simplificatrice. Le Défi d'Atlantis est une attraction située au parc du Futuroscope, près de Poitiers, qui combine un simulateur dynamique et la projection d'un film en 3D au format Imax. Il s'agit du procédé Imax 3D Dynamique, unique au monde. Cependant, une attraction semblable existe à Phantasialand, en Allemagne, mais le film n'y est pas projeté en relief. L'attraction est déconseillée aux personnes ayant des troubles médicaux, sujettes au vertige ou au mal des transports, et aux femmes enceintes. Elle est en outre inaccessible aux enfants mesurant moins d'1,20 m. Un Captcha est une forme de test de Turing permettant de différencier de manière automatisée un utilisateur humain d'un ordinateur. Puisque le test est réalisé par un ordinateur, en opposition avec les tests de Turing standard réalisés par des humains, un Captcha est souvent décrit comme un test de Turing inversé. Ce terme est néanmoins ambigu parce qu’il pourrait aussi signifier que les participants essaient de prouver qu'ils sont des ordinateurs. Ce test est utilisé pour se prémunir contre les soumissions automatisées et intensives réalisées par des robots malveillants. En dépit de leur coût élevé à l'époque, les robots se sont imposés très vite, dès le début des années 70, pour certaines tâches comme la peinture des carrosseries automobiles en atmosphère de vapeurs toxiques. Une certaine capacité d'adaptation à un environnement inconnu peut, dans les systèmes semi-autonomes actuels, être assurée pourvu que l'inconnu reste relativement prévisible. Un Soldat inconnu est un soldat mort au combat durant la Première Guerre mondiale, dont on ne connaît pas l'identité mais à qui l'on rend hommage. Le vol d'identité suppose un acte criminel connexe. La victime, décédée, n'est plus en mesure de recouvrer ses droits. Elle est généralement enterrée avec l'identité de quelqu'un d'autre. Bien qu'habituellement ce soit Porky Pig qui apporte une fin aux dessins animés de la Warner Bros avec son bégaiement, « That's all, folks! », Bugs apparait de temps en temps à travers un tambour comme Porky, mais mâchant une carotte et disant avec son accent du Bronx-Brooklyn, « And dat's de end! ». Daffy Duck a sévi dans 126 dessins animés jusqu'en 1964, avant de disparaître totalement des écrans pendant plus de 23 ans. Pluto est le fidèle compagnon canin de Mickey. Il ne parle pas et marche à quatre pattes (sauf dans les parcs Disney). La marche se définit par le fait qu'il y a toujours au moins un appui au sol, par opposition à la course à pied, dans laquelle il peut ne pas y avoir d'appui au sol à un moment donné. Quelques saints chrétiens, dont spécialement Joseph de Cupertino, ont été reconnus pour leur don de lévitation. Tout jeune Joseph ne brilla pas par sa vivacité intellectuelle. Il était nonchalant, maladroit, et semblait toujours perdu dans une profonde rêverie, à tel point que son entourage l'avait surnommé bocca aperta (bouche ouverte). La lévitation la plus connue de Joseph fut celle qui se produisit lors d'une audience papale devant le Pape Urbain VIII. Quand Joseph s'agenouilla pour baiser les pieds du Pape, il fut élevé au-dessus du trône pontifical, et resta ainsi jusqu'à ce que son supérieur, qui l'accompagnait, lui ordonna de redescendre sur le plancher. Selon le maire de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, les 94 passagers et membres d'équipage à bord du C-130 Hercules de l'armée Iranienne ont été tués lors du crash sur un immeuble de dix étages qui a pris feu. Au moins 22 habitants de l'immeuble ont été tués et 90 autres blessés, dont 28 ont été hospitalisés, certains dans un état critique. L'avènement de l'art conceptuel dans les années 60 réduit - dangereusement, pour certains - la limite entre texte critique et œuvre d'art à sa limite extrême. Le danger est indépendant de la probabilité de survenue de l'événement, alors que le risque tient compte de cette probabilité. Il n’y a pas de gains sans prise de risques. On a vu que la sensation de risque est un phénomène très subjectif, voire irrationnel, lié à la façon dont un individu perçoit une situation dans son environnement, ce qui dépend pour une bonne part du capital culturel de l'individu et de ses intérêts. Le capital culturel est une notion officiellement reconnue par l'Unesco. Le développement décimal d'un nombre irrationnel ne se répète jamais et ne se termine jamais. À bien des égards, le feuilleton Dallas apporta un certain nombre de précédents dans l'univers des feuilletons télévisés, notamment en termes de rebondissements et concernant les fameux "cliffhangers" (accroche finale jusqu'à l'épisode suivant). Les producteurs ont du faire face en 1981 au décès de Jim Davis, qui interprétait le rôle de Jock Ewing, patriarche de la famille. Le personnage de Jock fut déclaré mort dans un accident d'hélicoptère. Enfant, Jim Davis est asthmatique, ce qui l'empêche de sortir et de jouer avec les autres enfants. Il se met alors à lire des bandes dessinées avec beaucoup d'intérêt et s'essaie même déjà au dessin, mais avec peu de succès. Il devait mettre une flèche et un nom à côté des objets dessinées pour indiquer de quoi il s'agissait. Il y a de profondes différences entre le dessin et la peinture. L'espace du dessin, une feuille blanche, est modifié par une accumulation de lignes, de sorte que le fond d'origine reste apparent, un peu comme la sculpture s'inscrit dans un espace déjà là. En peinture, au contraire, tout l'espace de l'intervention est recouvert, en général. Otto von Guericke inventa la pompe à vide, consistant en un piston, un cylindre et un clapet anti-retour, conçu pour extraire l'air du dispositif auquel il était relié. Avec ses expériences, Von Guericke réfuta l'hypothèse de l'horror vacui, qui supposait que la nature "déteste" le vide. L'homme étudie les forces naturelles qui animent l'univers. Il y recherche notamment des indices d'existence d'autres formes de vie. Un adolescent né sans jambes joua la séquence où E.T. est saoul et percute le réfrigérateur (il se déplaçait en fait sur ses mains). Le film est ressorti en salles pour son 20e anniversaire. À cette occasion il a subi quelques changements. Notamment, une phrase prononcée par la mère d’Elliott a été modifiée : le mot "terroriste" a été remplacé par "hippie". Le hippie trail est une expression utilisée pour décrire le trajet, de l'Europe vers l'Asie ou inversement, parcouru par les hippies dans les années 1960 et 1970. Le 5 août 1970, le Times titrait « Des hippies mendient comme des chiens en Afghanistan ». Les autres poursuivent leur exploration ethnographique jusqu'à Katmandou où convergent plusieurs milliers d'enfants fleur à partir de 1966. Pour les moins fortunés ou les moins débrouillards, le voyage peut avoir pour but les Baléares, le Maroc ou même Amsterdam. Casablanca est la troisième ville touristique du Maroc. Même si on y vient surtout pour les affaires, la ville ambitionne de prolonger la durée de séjour de ses visiteurs qui n’excède pas les deux jours en moyenne. Le héros de la Résistance, Victor Laszlo, s'échappe de Casablanca et continue son combat contre les Nazis. Une partie de l'impact émotionnel du film est attribuée à la proportion importante d'exilés européens et de réfugiés parmi les rôles mineurs et les figurants. La moitié des figurants avaient les larmes aux yeux... la plupart chantaient leur propre expérience de réfugiés de l'Allemagne nazie. La production étant limitée au niveau budgétaire, l'avion que l'on voit dans la scène finale est en réalité en carton, avec comme équipage des nains pour donner l'illusion d'un appareil de taille réelle.

BLIND DATE 10

VENDREDI 12 DECEMBRE 2008

SUJET

Les « accommodements raisonnables » en matière de diversité religieuse.


Le concept d’accommodement ou aménagement raisonnable repose sur un constat de base : certaines personnes, en raison d’une caractéristique qui leur est inhérente et qui constitue un motif prohibé de discrimination, telle qu’un handicap, une croyance religieuse ou leur sexe, ne sont pas en mesure d’accomplir une tâche ou d’accéder à un lieu de manière conventionnelle.


Dès lors que l’environnement dans lequel elles évoluent est organisé uniquement en fonction des individus qui ne présentent pas cette particularité, ces personnes se voient barrer l’accès à des emplois, à des services ou à d’autres activités. C’est donc l’interaction entre une caractéristique propre à un individu et l’environnement physique, social ou normatif, qui aboutit à priver celui-ci du bénéfice d’un emploi ou d’un service en principe ouvert à tous.


Or, il apparaît que dans un certain nombre de cas, un aménagement, c’est-à-dire une modification ou un ajustement, de cet environnement permettrait d’éviter aux personnes présentant cette spécificité d’être ainsi désavantagées par rapport aux autres individus.

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EMMANUELLE BRIBOSIA

Emmanuelle Bribosia est licenciée en droit et docteur en droit de l'Université libre de Bruxelles pour une thèse de doctorat, défendue en 2000, portant sur la protection des droits fondamentaux dans l'Union européenne. Elle est actuellement chargée de cours à l'ULB et directrice de la section juridique de l'Institut d'Etudes européennes de l'ULB. Ses recherches, qu'elle mène en collaboration étroite avec Isabelle Rorive, portent actuellement principalement sur les droits de l'homme dans l'Union européenne et le Conseil de l'Europe, le droit de l'anti-discrimination et la diversité religieuse et culturelle.

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SIMONA DENICOLAI, IVO PROVOOST

Simona Denicolai et Ivo Provoost sont plasticiens et travaillent ensemble depuis de nombreuses années. Dans leur créations, ils éclatent systématiquement les mécanismes de protection de la société artistique. Leur travail forme un statement s’opposant à l'art qui se place en dehors de la société, comme une certaine forme de la pratique artistique qui se cache dans les limites d'un médium ou d’un objet artistique inaccessible. Avec une certaine évidence et avec le plaisir d'une subversion généreuse, Denicolai et Provoost s'engagent dans la complexité de la vie. Ils traitent l'instabilité et l'incertitude qui est propre à une situation sociale.

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