Un "opus" de Transquinquennal qui dépasse la cible de ses "habitués".
La spécialité de Transquinquennal c’est de s’attaquer à un sujet “cliché” et de retourner le gant, avec un goût du paradoxe qui réjouit, des illogismes feints, des contradictions voulues et une “gouaille” souvent bienvenue. Gouaille appliqué à Transquinquennal, un paradoxe de plus ? Vous avez dit “gouaille”? Esprit frondeur français “populaire”, style Gavroche ? Eh bien ça leur va comme un gant. Le petit Robert confirme: “effronterie, goguenardise, insolence, moquerie “.Ca commence avec le titre qui ne veut rien dire sinon qu’il est leur “opus 41” et que leur ligne de bus préférée est la ligne 41 parce que l’arrêt central s’appelle “Bien-Faire”. “Bien-Faire” comme but final du groupe ! Ah bon ! De fait le spectacle, qui porte ouvertement sur le “Beau” commence et finit sur un cliché : une ravissante asiatique en costume exotique chante 5 mn puis s’arrête. Cinq minutes pour laisser entrer… les retardataires et se distancier, of course, du beau. La chute sera à l’image de l’accroche : la jolie chanteuse devient une danseuse et on propose au public de quitter la salle pendant qu’elle danse, que le “beau”/cliché défile. Le public ne s’est pas fait prier tout comme il a répondu “favorablement” à une autre ” provocation”, une question au public : ce spectacle est-il ” beau “?: 1 oui. Est-il “bon”: 6 oui (sur 300 spectateurs). Dans l’interview au KFDA, le groupe confirme que son esthétique c’est celle de la “liste” : de fait on verra “41” propositions scéniques de longueur et d’intensité variable avec trois ou quatre moments forts : les trois “surfeurs” méditant sur l’esthétique et la logique sociétale de leur passion, un morceau d’anthologie. Une Venus de Boticelli “tombée” de son cadre et qui, vivante, incarnée, rappelle plutôt la “naisssance du monde” de Courbet. Facile? Efficace! Un trio de filles délicieuses méditant sur la “pipe”, non de Magritte mais la préparation du phallus à son action “traditionnelle”. Ou la grivoiserie transformée en méditation….esthétique. Accessibles à tous les publics ces “gags”. Et puis ce discours final, plus difficile, porté par la grande Nathalie Cornet, sorte de parodie du discours esthétique prétentieux. Entre ces moments forts un tissu de petites performances où chaque acteur a son moment de beauté ou d’insolence. Un “opus” de Transquinquennal qui dépasse la cible de ses “habitués”.
Critique : ***
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