Le 31 décembre 2023, Transquinquennal cessera ses activités, mettra un point final à  son dernier plan quinquennal, ou plutôt sexennal.

 

Mettre un terme à Transquinquennal est un acte artistique inspiré par un désir de changement. C’est faire le deuil du connu et nous ouvrir à la curiosité de l’inconnu. C’est nous donner à nous-mêmes toute latitude pour nous servir de ce suspense spectaculaire et de cette attente. C’est l’opportunité de retrouver notre nature proprement théâtrale, celle de l’obsolescence auto-programmée et de la beauté de l’éphémère.

 

Nous avons posé comme postulat que la réussite de notre projet de changement définitif dépendra de la mesure dans laquelle ce processus ne se déroule pas comme nous le prévoyons, qu’il soit bousculé par les surprises et l’imprévisible. Nous ne pouvions cependant pas prévoir que le monde changerait ainsi autour de nous, en s’arrêtant pour un moment, avant de repartir en cahotant, en toussant et en fumant, vaille que vaille.

 

Ne vous enfuyez pas, nous n’allons pas ici ajouter du contenu au flux d’opinions permanent qui a jailli depuis qu’un virus a commencé sa tournée mondiale à partir d’un marché humide chinois, mais nous nous posons la question : n’aurions-nous pas, par notre décision, accéléré le mouvement de l’immobilisation ? La réponse est simple : non.

 

Nous avons consacré ce temps d’arrêt en plein milieu de notre dernier plan quinquennal à militer et à méditer. A militer aux côtés de nos camarades de l’Union des Artistes et de la Chambre de Compagnies de Théâtre pour Adultes, pour soutenir les nombreux autres artistes affectés par cette crise. Et nous méditons sur nos derniers spectacles dans ce contexte.

 

Nous voudrions passer des étés dans les parcs avec un plasticien. Nous voudrions actualiser et faire évoluer Calimero, et La vie en balançoire, sur d’autres scènes. Nous voudrions faire une adaptation luxembourgeoise d’Idiomatic. Nous voudrions écrire d’autres fanzines, et enregistrer un feuilleton radiophonique en guise de biopic. Nous voudrions mettre notre santé mentale dans les mains de millennials, et nos genoux  dans les mains d’une chorégraphe. En d’autres termes, on voudrait faire des spectacles qui soient – cette fois-ci encore plus qu’auparavant – un pont, un chemin, une porte qui nous conduisent ailleurs.

 

Nous concluons que le sursis du COVID-19 risque de rendre tous ces plans mort-nés si nous n’acceptons pas la proposition de la Ministre de la Culture de prolonger notre contrat-programme d’un an. Ce sera donc finalement le 31 décembre 2023 que nous saurons ce que nous aurons fait, et ce que nous ne ferons jamais.

 

Et ensuite, nous serons (enfin) spectateurs du dénouement – inscrit dans l’ironie même du théâtre – de notre longue prestation publique, et Transquinquennal interprétera l’oubli.