Faut-il repenser le concept de masculinité hégémonique ?

Le concept de masculinité hégémonique, introduit il y a une vingtaine d’années, a considérablement influencé la réflexion contemporaine sur les hommes, le genre et les hiérarchies sociales. Ce concept a permis de mettre en lien les développements récents du champ des men’s studies(connues également sous le nom de masculinity studies et critical studies of men), les inquiétudes communes concernant les hommes et les garçons, la vision féministe du modèle patriarcal et les modèles sociologiques du genre. Il a été utilisé dans divers domaines de recherche appliquée, aussi bien en matière d’éducation ou de prévention de la violence que de santé et d’assistance psychologique.

Une exploration des bases de données révèle que plus de 200 titres et résumés de travaux de recherche font usage du terme exact de « masculinité hégémonique ». Ce chiffre s’élève à plusieurs centaines si on prend en considération les variantes du terme ou que l’on considère le contenu des articles. Plusieurs conférences témoignent d’un intérêt persistant pour ce thème : début mai 2005 s’est tenue une conférence intitulée « Hegemonic Masculinities and International Politics » à l’Université de Manchester, en Grande-Bretagne, tandis que Stuttgart a accueilli une conférence interdisciplinaire autour du thème « Hegemoniale Männlichkeiten » (Dinges, Rundal et Baueur, 2004).

Le concept a également fait l’objet d’importantes critiques venant de tous horizons : sociologique, psychologique, post-structuraliste et matérialiste (voir par exemple Demetriou, 2001 ; Wetherell et Edley, 1999). Il a été attaqué, en dehors du monde académique, comme étant « une invention des psychologues New Age » visant à prouver que les hommes sont trop machos, pour citer une critique virulente d’un internaute.

C’est donc un concept contesté. Il permet cependant d’identifier un certain nombre d’enjeux qui sont pleinement au cœur des débats actuels autour du pouvoir et du leadership politique, de la violence, publique comme privée, et des transformations de la famille et de la sexualité. Un réexamen exhaustif du concept de masculinité hégémonique semble dès lors justifié. Si le concept se révèle encore utile, peut-être doit-il néanmoins être reformulé en des termes plus contemporains. Notre article tente de répondre à ce double objectif.

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SOURCE: Faut-il repenser le concept de masculinité hégémonique ?  de Robert William Connell et James W. Messerschmidt
Traduction coordonnée par Élodie Béthoux et Caroline Vincensini. Article publié dans Terrains & travaux 2015/2 (N° 27), pages 151 à 192